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A la claire fontaine, m'en allant promener

À la claire fontaine

JET, Combronde, le 150724

 

En me levant ce matin, je chantais « À la claire fontaine, m’en allant promener », ce qui a fait démarrer ma boîte à penser et remonter à la surface d’autres chansons héritées de mes parents, de mes grands-parents : « Trois jeunes tambours », « Cadet Roussel a trois maisons », « Su l’pont de Nantes », et puis des comptines que nous avons également transmises à nos enfants : « Sur la route de Dijon, il y avait un grand… un grand… un grand… » et les enfants de s’esclaffer en attendant le trou qui allait voir se dérober nos genoux sous leurs petits derrières ; « À cheval gendarme », « C’est la baleine qui tourne qui vire ».

De quand date « À la claire fontaine » ? Cette question n’appelle pas de réponse aussi vais-je me garder d’ouvrir wiki. En revanche, je sais que mes petits-enfants, élevés pourtant dans la tradition française, retrouveraient peut-être quelques comptines – la culture est transmise par les grands-mères, raison pour laquelle Pol-Pot a fait tuer toutes les grands-mères cambodgiennes pour faire un khmer rouge nouveau – mais ils fredonnent plus volontiers les tubes à la mode, sans se souvenir de ceux qu’ils clamaient un an avant.

De temps à autre, la machine médiatique nous ressort un vieux, Gérard Lenormand le temps qu’il se plaigne de ne plus avoir le droit à l’antenne, les Beatles parce qu’il faut bien satisfaire les vieux et que Mc Cartney est un chanteur compositeur de grand talent, et même Lenny Escudero, qui fut sans doute un des premiers produits de consommation à un coup : « » fut mon premier grand succès, avec « Je ne suis qu’une pierre qui roule toujours… ». Ah, l’idole des jeunes ! qui demeure, à force de productions à grand spectacle, l’idole des vieux et des presque vieux.

La machine à produire des tubes de l’été s’est mise en route, en France, au début des années 60. Auparavant, on avait Bécaud, Piaf, le Fou chantant, Aznavour (il vit toujours, ce dinosaure !), Ferrat, Brel, Brassens, voire les Compagnons de la Chanson, les Frères Jacques, Léo Ferré, le Gainsbourg du « Poinçonneur des Lilas », Juliette Gréco, … mais le 45 tours et l’Olympia de Bruno Coquatrix[JT1]  imposaient déjà un renouvellement constant des idoles et des tubes. Après, Johnny, Sylvie, Sheila, Hardy, Les chaussettes noires, Richard Anthony, Dick Rivers, et même Mireille Mathieu, idole mondiale ! Qui se souvient cependant du premier tube de Johnny : « Kili, kili, kili watch » dont le ridicule a rapidement effacé de glorieuses paroles. La culture yé-yé s’était emparée des oreilles et des cerveaux par la même occasion ; la grande distribution culturelle, la culture de masse.

Inutile de faire écouter « Fance musique » à nos petits-enfants, c’est nul !

Bon, je radote et suis incapable de citer et encore moins de reprendre, en anglais, le dernier tube de l’été.

Les gens de ma génération ont été formés de ces traditions transmises, qui sont autant de chansons que de prières : « L’immense foule des hommes, courbés sur le travail, c’est l’humanité, Seigneur, ici rassemblée… » Ce sont ces traditions qu’il s’agit pour les « progressistes » de faire disparaître, car elles s’opposent au progrès, autant dire à la massification cachée derrière « l’homme nouveau ». Qui est-il, cet homme nouveau débarrassé de son passé, sinon un corps et un cerveau disponibles pour recevoir la bonne parole des puissants, des grands commerçants et des financiers et pour consommer, acheter, jeter, acheter, pour que tourne la machine économique, acheter, jeter, acheter, jeter, avaler, rejeter, avaler, rejeter.

Gauche-droite, c’est pour tromper les masses, donner au peuple l’illusion du choix. Socialistes ou capitalistes, socialistes ET capitalistes, c’est du pareil au même. Il s’agit d’enrichir les riches – il paraît que ce sont eux qui créent de la richesse, et non les entrepreneurs – et de ponctionner les classes moyennes et laborieuses pour obtenir le pouvoir de la répartition de la richesse, car l’État seul est capable de générosité, c’est bien connu, autant dire d’acheter les voix des électeurs. Où sont les Vincent-de-Paul, les Abbé Pierre, les Mère Thérésa ? Sans doute sont-ils remplacés par les élus et les hauts-fonctionnaires intègres, fraternels, confiants dans la capacité du peuple à utiliser valablement sa liberté, justes, équitables, capables de se sacrifier pour le bien commun.

Tout n’est cependant pas perdu, rien ne sera définitivement perdu tant que les gens, et ce sont souvent les plus pauvres qui sont les plus généreux, répondront aux appels à l’aide en faveur des plus défavorisés, des victimes des cataclysmes, des famines et des guerres. Et même internet peut jouer un rôle, via les sites d’opinions pour rectifier les abus les plus flagrants et les injustices les plus criantes.

Mais ce n’est cela qui va enrayer la machine à produire du cash, à consommer et à détruire toujours plus, la MMDM - money making destroying machine – chère à mon ami Bruno Martin-Vallas.

 



 


 [JT1]

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