Ma vie sur terre, chapitre 1
Ma vie sur Terre
Jean Taillardat
Après avoir écrit, sous des noms de plume divers et variés, un certain nombre d’ouvrages : romans avant tout, biographie, nouvelles, SF/anticipation, il me vient l’envie de reprendre le cours des réflexions dont j’ai alimenté mn blog www.jeantaillardat.blogspirit.com depuis de nombreuses années et que j’avais laissé en sommeil.
Chapitre 1
LES DEUX INFINIS… ET MOI ET MOI ET MOI
Alors qu’un gigantesque trou noir de vingt-quatre millions de kilomètres de diamètre pesant quatre millions de fois la masse de notre soleil, situé au centre de notre galaxie, avale inexorablement tout ce qui passe à proximité, quelques milliers de spectateurs dans les stades et plusieurs millions dans le monde s’excitent devant une petite balle que des joueurs anormalement bien payés se renvoient au-dessus d’un filet et un amuseur public grand expert en piano-sexe se prend pour le sauveur de son pays en se produisant dans tous les hémicycles qui avaient déjà accueilli une certaine Greta. D’ailleurs, où est-elle celle-là ? Un clou chasse l’autre pour faire vivre les médias.
Donc, disais-je, Sagittarius A* a été identifié par l’EHT (Event Horizon Telescope) et ses huit radiotélescopes malgré le fait que rien ne s’échappe d’un trou noir. En revanche, la matière et les ondes électromagnétiques qui sont aspirées forment autour des trous noirs des « objets » repérables. D’ailleurs un trou noir dans la galaxie Messier a déjà été identifié, en 2019 ; il porte le nom digne d’un film de James Bond : M 87. L’univers, si l’on en croit les astrophysiciens, est en expansion infinie, ce qui ne saurait nous troubler s’il ne se refroidissait pas simultanément, condamnant à coup sûr l’espèce humaine.
L’espèce humaine et toute vie. Cette pensée m’obsède car je pense à ma progéniture, certes lointaine, très lointaine, inéluctablement condamnée à finir glacée.
On nous dit qu’elle est condamnée à finir calcinée bien avant, ce qui est encore moins réjouissant. Cependant, sur les cours de tennis, nos concitoyens n’y prennent garde et, en Ukraine, ils se bombardent à coups d’obus, de bombes, de balles et de propagande, pendant que le petit peuple, comme d’habitude, en subit les conséquences. Pourquoi l’Ukraine ? Tout simplement parce nos chères puissances occidentales nous rebattent les oreilles des monstruosités de cette guerre qui fait des morts. Oh ! pas beaucoup de morts, mais de bonnes photos bien trafiquées exploitent notre incapacité collective à faire appel à la raison alors que l’émotion nous envahit. Enfin… l’émotion nous envahit quand elle est bien titillée ; en Irak, au Yémen, en Serbie, en Syrie, le nombre de morts a été considérablement plus élevé – un million cinq cent mille morts en Irak qui a reçu autant de bombes en un jour que l’Ukraine en un mois.
Ah oui, je reviens en arrière, parce qu’un dénommé Jean-Pierre Petit a fourni, à la suite des travaux de grands scientifiques comme Andrei Sakharov, un modèle cosmologique qui a emporté mon adhésion : le modèle Janus, qui énonce que l’univers est constitué de deux volets géométriquement reliés par la singularité que constitue le Big-Bang. Ainsi deux espaces temps reliés ont chacun leur histoire. Ce modèle me convient parce qu’il résout le paradoxe de runaway et ne viole pas le principe de l’action – réaction, ce que font les autres modèles traditionnels. Seul hic pour les béotiens que nous sommes : les mondes des masses négatives sont comme d’immenses protoétoiles qui, parce leur temps de refroidissement est supérieur à l‘âge de l’univers, ne s’allumeront jamais. J’ai pourtant vérifié les calculs de nombre de prix Nobel de physique, ils sont exacts ! Ce n’est pas parce qu’un objet n’est pas visible qu’il n’existe pas, n’est-ce pas ? Oubliée la matière noire, vive l’antimatière, ou plutôt les antimatières, positive et négative ! Vive le monde parallèle !
Ma pensée rejoint notre Blaise Pascal national là où il se trouve ; nul doute que sa perception des deux infinis, pour aussi prometteuse qu’elle fut, était limitée par les capacités techniques et mathématiques de son époque. Pouvait-il imaginer un « au-delà du ciel », un « en-deçà de l’atome » ? L’existence de milliards de milliards d’amas de galaxies d’une part, et d’un vide de matière tout au fond de l’atome ? Il me semble que mes deux infinis relativisent encore plus ma place dans l’univers ! et je ne peux m’empêcher de rigoler quand je considère mes frères microbes s’agiter autour d’une balle de tennis ou s’éliminer à coups de bombes ! Le Créateur soit éclate de rire là-haut soit envisage de se tirer une balle, s’il ne l’a pas déjà fait ; Il avait donné à Sa créature la capacité de raison et de conscience et Sa créature est dominée par ses émotions ! Inférieure en cela à ses frères animaux dont la survie est dictée par un instinct sûr. Où voit-on un troupeau de buffles s’écharper, une meute de loups se massacrer, un banc de saumons s’entre-dévorer ? Peut-être parce que les animaux sont indifférents aux couleurs, aux races, aux religions ?
Je rigole, je rigole… mon, je ne rigole pas, je suis pris d’une tristesse infinie. Je me demande même ce que je fais là. Quelle est ma raison d’être dans ce fatras ?
Comme j’ai un corps sain, des cellules et des membres, des neurones et un cerveau, je m’en suis pourtant servi pour apporter une réponse satisfaisante à cette question existentielle. Parce que je suis un Philosophe, et je vais le prouver ci-devant !