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crise

  • Financiarisation de l'économie

    De la financiarisation de l’économie

     

     

    Crise mondiale de liquidités à la suite d’un effondrement du marché américain de l’immobilier ?

     

    Les acteurs

    1. Les ménages américains, secoués par l’éclatement de la bulle internet et encouragés à investir dans la pierre, et les ménages surendettés à qui il est donné la possibilité d’acquérir leur logement.
    2. Les courtiers de prêts immobiliers
    3. Les banques
    4. Les agences de notation
    5. Les investisseurs institutionnels
    6. Les « hedge funds »
    7. La FED, Réserve Fédérale

     

    Les mécanismes :

     

    1. Les ménages américains investissent dans l’immobilier, après la déconvenue sur les valeurs immatérielles, à la fois pour accéder à la propriété et pour réaliser d’importantes plus-values dans un marché en forte hausse.
    2. Les courtiers proposent des prêts hypothécaires, d’abord au réservoir des emprunteurs sains, vite épuisé, puis, le marché devant impérativement être soutenu, à de nouvelles recrues y compris NINJA (no income, no job or asset). Le taux d’intérêt est de 2 % pour les deux premières années, puis variable (pourra atteindre 8, voire 10 %, ce que les emprunteurs veulent ignorer, d’autant qu’on leur fait croire que le prix de leur acquisition ne peut qu’augmenter fortement !).
    3. Les prix s’envolent, encourageant l’investissement massif de gogos certains de s’y retrouver d’une manière ou d’une autre.
    4. Les subprimes mortgages atteignent des montants faramineux, jusqu’à 1.300 Mds $.
    5. Les agences de notation (Standard & Poor’s, Moody’s Investors Service, Fitch Ratings…) décident que le piggypack – deuxième crédit simultanément souscrit par l’emprunteur pour un même apport initial, ne comporte pas plus de risques de défaut de paiement qu’une créance normale.
    6. Les banques trouvent la solution des « produits dérivés », par la « titrisation » qui consiste à fondre ensemble un certain nombre de crédits pour en faire des lignes de titres obligataires négociables et vendus par petits paquets aux divers investisseurs institutionnels. Elles sont totalement débarrassées des subprimes mortgages.
    7. Les zinzins découpent les lignes de crédit en différentes tranches de risque homogène et les revendent.
    8. Les hedge funds (fonds d’investissement spéculatifs) achètent la tranche la plus risquée des RMBS (residential mortgage backed securities : titres adossés à des crédits immobiliers)
    9. A partir des RMBS, certains investisseurs vont émettre une nouvelle sorte de titres négociables, les CDO (collaterised debt obligations), qui sont elles-mêmes découpées en différentes tranches : la tranche supérieure, dite « investment grade », la tranche intermédiaire, dite « mezzanine », et la tranche basse, dite « equity », ou plus carrément « toxic waste ».
    10. Tant que le marché est haussier, la toxicité n’est pas matérialisée et tout le monde y gagne en fonction du risque pris.
    11. Les hedge funds lèvent des fonds à des taux bas auprès des banques, investissent dans des titres à haut risque en faisant des marges énormes ; « on prend les toxic waste pour de l’or et les golden boys, installés dans les Caraïbes, font la fête ».
    12. Les agences de notation, qui sont en relation symbiotique avec les banques et les sociétés de crédit hypothécaire et qui gagnent beaucoup d’argent à la notation de titres adossés à des prêts hypothécaires, attribuent d’excellentes notes à de nombreux titres adossés à des emprunts douteux.
    13. Les courtiers immobiliers continuent de recruter à la pelle.
    14. Au vrai bout de la chaîne du risque, le crédit de Mrs Brimmage est passé au bout de deux ans de 414 à 691 $, de 2 % en 2003 à 6,5 % en 2005 et à 11,25 % en 2006. Mr Smith (qui se débat en justice pour un prêt auto non remboursé, entre autres) a souscrit un emprunt de 200 000 $ en 2005 en bénéficiant d’un taux de 1,45 % fixe sur 2 ans. En 2007, sa mensualité grimpe de 520 à 1380 $ (du 8% !) Il se déclare en faillite personnelle et sa maison est vendue à 160.000 $
    15. Comme eux, 14 % des emprunteurs subprime sont défaillants au premier trimestre 2007. 1,5 million de procédures sont en cours et 3 millions de ménages américains pourraient perdre leur logement.
    16. Début août 2007, American Mortgage, le géant du crédit immobilier, se met sous le régime des faillites. BNP Paribas gèle pendant deux semaines trois fonds dynamiques. Sentinel Management Group bloque tout remboursement à ses clients. Le titre de Country Financial chute de 15 % en deux jours. Celui de Thornburg Mortgage chute de 47 %. Goldman Sachs injecte 2 Mds $ dans Global Equity Opportunities, UBS liquide le fonds spéculatif DRCM, IKB (établissement allemand) essuie une perte de 3,5 Mds € et est sauvé de la faillite par l’ensemble de la communauté bancaire…
    17. La BCE injecte 95 Mds € le 9 août en se substituant aux banques qui ne veulent plus prêter d’argent de peur que l’une ou l’autre soit en faillite et ne puisse plus rembourser.
    18. La moitié des subprime mortgages ont été contractés en 2006. Le montant des prêts subprime, qui était de 98 Mds $ au premier trimestre de 2007, va passer à 198 Mds au deuxième semestre et à 228 Mds $ au premier semestre 2008.

     

    Conséquences ?

    • La crise des crédits immobiliers subprime va coûter aux investisseurs de 150 à 300 Mds $ (étude de la banque Calyon, estimation de la FED).
    • Ce ne sera pas catastrophique mais il y aura des dégâts, difficiles à estimer.
    • Il n’y a pas lieu de s’affoler, la liquidité mondiale est toujours abondante et les problèmes actuels en sont que temporaires.
    • Au mieux le système financier en tirera les leçons et bâtira un processus de surveillance comme cela a été le cas pour toutes les crises financières (récemment Enron).
    • Trois millions de gogos américains y laissent leurs chemises, comme c’est le cas dans les crises financières : le petit peuple trinque.

     

    Et en France ? Les dérives de ce genre sont impossibles :

    · Fichier Banque de France des « mauvais emprunteurs »

    · Les prêteurs examinent la situation des personnes et non la valeur de leurs biens immobiliers.

    · La loi Neiertz oblige l’établissement fautif à aider son client en difficulté.

    · Les commissions de surendettement font que c’est la banque qui s’adapte aux difficultés de l’emprunteur.

    · Le taux d’usure pour les crédits immobiliers est de 6,5 %.



    A partir de l’article de Frédéric Lordon « Quand la finance prend le monde en otage », Le Monde diplomatique – septembre 2007, des articles du n° 89 de Challenges, « Trichet…, la grande faute des banquiers centraux…, l’été mouvementé de BNP Paribas », de l’article du Courrier international n° 878, « les agences de notation sont aussi responsables », des articles des Echos du jeudi 16 août 2007…