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  • Rébublique, nation et peuple

    Nation, République et peuple.

    Nation et République sont toutes deux des émanations du peuple, par principe de subsidiarité. Le fédéralisme en est la base. Loin de vouloir imposer « son bien » au peuple au nom d’un intérêt collectif, les vrais tenants de la démocratie confient au peuple le soin de définir les modalités du lien social et des formes de constitution qui conviennent à l’exercice du bien commun, opposé à l’intérêt collectif défini par un État centralisateur qui défend en réalité les intérêts de son oligarchie. C’est donc, par subsidiarité, que le bien commun émerge des individus vers la collectivité. Sa base est nécessairement l’anarchie, qui est l’ordre sans les pouvoirs. Que je m’explique.

    J’ai des besoins, des désirs et des envies, qui sont donc souvent contradictoires en moi et qui m’obligent à des calculs raisonnables en fonction de mes possibilités. J’accepte ces contradictions qui font partie intégrante de ma condition humaine et qui sont aussi ma gloire d’être pensant appréciant l’équilibre des contraires, yin et yang intimement mêlés. Je sais que je vis avec d’autres individus, que je prends comme des personnes dotées des mêmes caractéristiques que moi et avec lesquelles je tisse des liens, comme je perpétue des liens avec mon propre passé et le passé qui nous est commun. Raisonnablement, je choisis d’étudier les contradictions de notre groupe – famille, proches, voisins – et de trouver de façon pragmatique un juste équilibre fait de concessions mutuelles et d’arrangements satisfaisants. Ces arrangements définissent mes droits et mes devoirs. Ainsi peut vivre dans une harmonie évolutive ma famille, mon groupe de proximité au sein du premier niveau de communauté : la commune est ce premier niveau institutionnel de bien commun. En son sein se développent des relations économiques à valeur d’échange. Ma commune elle-même n’est pas indépendante des autres communes, elle gagne à créer de l’interdépendance : c’est le principe de fédéralisme, par application intelligente de la subsidiarité. Ainsi jusqu’à la nation, définie comme étant une communauté historique ; au niveau de la nation sont déléguées ce qu’on appelle les fonctions régaliennes, exclusivement le droit, la justice et la défense.

    Au lieu de quoi, la révolution française de 1789, libertaire, s’est rapidement transformée en centralisme jacobin, recréant une hiérarchie encore plus prégnante que le régime de la royauté, dont on voit l’application quotidienne destructrice de liberté individuelle. Pour arriver à survivre contre les intérêts des individus, ce centralisme a trouvé l’astuce de transformer l’individu libre de ses choix en masse d’assistés infantilisés qui attendent tout de l’État.

    Trois mouvements se conjuguent pour remettre le peuple au centre de la vie sociale : la technique, le goût pour le lien entre personnes et l’urbanisation croissante. La technique offre la transversalité, le goût pour le lien social passe par l’économie sociale et solidaire, l’urbanisation fait des métropoles des lieux d’échanges qui ne passent plus par les États. Les dirigeants politiques, pieds et poings liés par les médias eux-mêmes aux ordres des puissances financières, comprennent leur perte de pouvoir et s’accrochent à leurs postes rémunérateurs ; ils luttent de toutes leurs forces contre le retour du peuple en tentant d’imposer  leur langage ; ainsi faut-il comprendre le recours aux mots-valises de « République », de « bien général », de « populisme » comme repoussoir, etc. En face de tous les impérialismes issus du xxe siècle – étatiques, financiers, religieux, médiatiques – se développent des initiatives privées : les sites de « réinformation », le mutualisme, les coopératives, les groupements de producteurs, les marchés locaux sans intermédiaires, voire les réseaux d’individus ayant des affinités, les sites de rencontre d’usagers de toutes sortes, de sentiments, de sensations, d’échanges…

    Il appartient à toutes les personnes voulant reprendre leur destin en main d’opter pour la redéfinition de leurs besoins, le choix de leurs systèmes de relations, l’échange et le partage au plus près de leur environnement et, comme elles sont assujetties à un système politique privatif de liberté, de peser dans les urnes pour modifier les relations de pouvoir et inverser la pyramide institutionnelle pour donner le pouvoir à la base, au peuple. Cela nécessite un travail sur soi, grande affaire du xxie siècle sans quoi les sociétés humaines iront vers un chaos grandissant et, inexorablement, vers des catastrophes humanitaires et environnementales. Je prône donc un retour aux sources de la gauche libertaire chère à Proudhon, à Fourrier, Sorel, Péguy lui-même et, de nos jours, Michel Onfray, Alain de Benoît, Thibault Isabelle. Il s’agit de FAIRE SÉCESSION !

    Jean Taillardat, 5 août 2016

  • L'imposture

    Bernanos, encore un auteur oublié, comme tant d’autres, Georges Bernanos comme on dirait « Bond, James Bond »…

    J’ai lu, L’imposture d’abord, puis Un crime.

    Je ne connais pas l’histoire de Bernanos et ne veux pas la connaître, je me ferais des idées fausses en croyant y trouver une vérité rassurante. L’imposture est à la base de ces deux ouvrages, d’une façon mesquine, bourgeoise dans le premier roman, d’une façon mûrie dans le second. Une phrase relevée dans Un crime donne peut-être la clef : « L’être vulgaire ne se connaît qu’à travers le jugement d’autrui, c’est autrui qui lui donne son nom, ce nom sous lequel il vit et meurt, comme un navire sous un pavillon étranger ».

    Étrange Un crime ; une sorte de « polar rural », le meurtre d’une vieille châtelaine en son château, avec inspecteur, petit juge et procureur, et au milieu un prêtre, le nouveau curé de Mégère, le personnage central, sans que l’on sache jusqu’à la fin qui il est ; le doute plane encore quand on a tourné la dernière page.

    L’imposture est un roman sombre, glauque, crépusculaire dans lequel tous les personnages, ecclésiastiques, journalistes et romanciers établis, sont des imposteurs dans la mesure où, à force de se frayer un chemin dans la société, ils ont perdu toute innocence et toute conviction. Seul émerge un pauvre abbé qui lui-même rêve d’une cure… qu’il obtiendrait par son mérite.

    L’imposture, mais qui n’est pas imposteur qui obéit à la contrainte sociale pour « faire son trou » ? Armand dans Le voyage de M. Perrichon, celui décrit par Cocteau et qui ne fait que répondre à l’image que son environnement attend de lui ? Les DG des grosses boîtes qui exécutent les basses besognes pour le compte des actionnaires en échange de rétributions délirantes ? Les dirigeants syndicalistes qui font leur carrière sur le dos des « travailleurs » ? Les managers qui se soumettent aux dictats du contrôle de gestion au détriment de leurs collaborateurs ? Vous, moi ? Nous tous qui aspirons à la reconnaissance d’autrui ? Où commence la cupidité ?…