Moi premier roman chapitre 2
Moi, premier roman
Chapitre 2
Rappel : je suis donc né du désir de mon père et mis sous les auspices des fées. Il s’agit maintenant de proclamer ma venue au monde urbi et orbi. Seule une attachée de presse peut le faire…
Elle s’appelle Béatrice-Alberte Bagatelle, mon attachée de presse, alors évidemment tout le monde l’appelle Baba – il serait plus exact de l’appeler B-A-BA, mais c’est plus long à prononcer et ça fait un peu scolaire. C’est une très belle femme, d’origine sénégalaise, qui a fait toutes ses études en France, Sciences Po et le Centre de formation des journalistes de Paris. Elle a trente-trois ans et est célibataire. Elle a d’abord été attachée de presse pour une grande maison d’édition avant de se mettre à son compte, c’est donc dire qu’elle a les compétences et les connaissances – sans doute aussi le réseau de relations – pour me mettre entre les mains d’une flopée de journalistes et de critiques littéraires… J’espère qu’ils auront le temps de me dévorer !
Cependant, je dois reconnaître que Baba nous a prévenus, avant même la signature du contrat : elle ne garantit aucun article puisque la décision ne lui appartient pas, et même en ce cas, elle ne garantit aucune vente, car c’est le client qui achète… Eh bien voilà une mise en garde encourageante ; heureusement que ce n’est pas moi qui paye Baba !
Alors voilà, nous avons, père, marraine et parrain, Baba et moi, le premier retour. Je répète que Baba nous avait prévenus, sans que nous comprenions sa mise en garde : les journalistes ne nous doivent rien, on ne peut exercer aucune pression sur eux [mais solliciter humblement leur bonne grâce ; en ai-je déduit, et peut-être à genoux], et on ne peut pas non plus obtenir une critique positive s’ils n’en ont pas envie. Confirmation nous est donnée par ce premier retour. D’accord Baba nous a dit que Falballa était complètement folle, mais elle est a du poids dans le petit monde des critiques parisiens. À la lire, « mon père est un hypocrite, un protestant qui veut se faire passer pour un catholique en effectuant un pèlerinage annuel à Lourdes ! »… et c’est tout, juste un mot sur moi, je suis bon à mettre à la poubelle !
Je ne peux pas faire grand-chose pour remonter le moral de mon père ; fort heureusement parrain et marraine le soutiennent absolument. Père est en train de me faire un petit frère et je sens que son désir a pris un coup dans l’aile.
Et ce n’est pas le seul, ni le dernier… Il est aussi en train de faire un petit frère en chair et en os à ma sœur mais c’est une autre histoire.