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Je suis l’homme de ma vie…

  • Je suis l’homme de ma vie…

    François, Georges, Valéry, Jacques, Nicolas Prés’dent.

    Prune, primidi, 1 fructidor an CCXXI

    Une revue people s’est arrangée pour se procurer la copie du journal de monsieur Hollande et nous en reproduisons l’article qu’il a écrit le 15 octobre 2014 alors qu’il était à mi-mandat. C’est instructif !

    « J’ai pris quelques jours de repos à la Lanterne – de triste mémoire, mais je n’avais surtout pas la même chambre que V., pour la bonne raison déjà qu’elle y avait tout cassé ! – et en profite pour faire le point, dans mon coin. Ils me les b… tous à m’imposer ce que je dois faire, comme s’ils n’avaient pas compris comment je fonctionne !

    Et je les em… ! Pas un seul qui ait pu penser que je leur passerais devant. « Oh, il fait un excellent second, un excellent premier secrétaire… en l’absence d’une forte personnalité ». Vous ne m’avez pas vu venir, hein ? « C’est le compagnon de S.R. ; DSK lui… » Et moi, discret, dans l’ombre, maire d’une bourgade, député rural, président du conseil général du troisième département le moins peuplé de France, premier secrétaire transparent pendant onze ans… aucune chance pour les élections de 2012 : DSK sera président !

    Et c’est moi qui rafle la mise ! Ah, ah, tous roulés dans la farine ! Et les voilà qui lèchent l’empeigne de mes chaussures !

    Roland Dumas me qualifie de fourbe, je trouve que c’est excessif, je dirais pour ma part que je suis dissimulé, et on le serait à moins ! Jugez : un père d’extrême droite qui nous fait peur, à P. et à moi ; une mère assistante sociale qui se réfugie dans la calotte. Catho tous les deux. J’ai très rapidement compris que j’avais intérêt à fermer ma gueule, à sourire, à dire oui et à agir en douce, en faisant très attention à ne pas me faire prendre. L’avantage de faire semblant d’être soumis, c’est que j’ai consacré mon énergie à faire des études, à être le bon élève, comme ça on m’a foutu la paix.

    Avec S. là encore, je rigole ; elle avait le béguin pour D. qui n’en voulait pas. Moi, j’arrive, je lui fais mon plus beau sourire, elle se dit qu’à défaut de « classe » (quel pédant, ce D. !), je présente l’avantage de ne pas lui faire d’ombre. Quatre enfants, je lui fais, et j’en suis assez fier, d’autant que, désireuse de conserver sa liberté, elle ne m’a pas cherché des poux sur la tête quand j’ai eu des maîtresses, et j’en ai eues ! C’est vrai que j’ai mal vécu qu’elle soit la candidate en 2007, j’étais toujours le second ; je serais bien resté avec elle mais V. m’avait mis la main dessus. Après coup, je me dis que les choses ont bien tourné pour moi. S. est une forte femme, j’ai fermé ma gueule ; V. est une forte femme, j’ai fermé ma gueule mais l’une comme l’autre ont finalement bien servi ma carrière. J’ai appris avec mon père qu’il ne fallait pas se heurter de front avec les forces adverses… hé, hé, c’est que je suis un bon judoka ! Utiliser les forces de l’autre, prendre son temps, exploiter autant que possible ce qu’il apporte et s’en débarrasser ensuite ; hop !

    Le coup de J. c’est quand même extra. V. me portait sur les nerfs ; qu’elle m’embrasse sur la bouche devant toutes les caméras du monde, passe encore ; qu’elle envoie un tweet pour dégommer mon ex, c’est con ! On s’est engueulés. Plus ça allait, plus je me suis rendu compte que j’avais avec elle les mêmes relations qu’avec mon père, je l’évitais !

    J.… J., là j’ai eu le vrai coup de foudre… enfin, coup de foudre, disons honnêtement que j’ai été sensible à l’admiration que m’a portée cette femme belle, jeune, et à sa tendresse aussi. C’est bien la première fois que je recevais de la tendresse de la part d’une femme !

    Non, il faut que je ne me mente pas à moi-même. Ma mère nous a aimés tendrement, P. et moi. Elle était même assez étouffante et « castratrice ». Je me demande si je n’ai pas trouvé en J. une seconde mère. On n’imagine pas la difficulté du rôle de président ; contrainte permanente, des décisions à prendre tous les jours, des collaborateurs et un gouvernement flagorneurs et souvent incompétents, pas un instant à soi… et ça, je ne supporte pas. Avant, je roulais à scooter, je pouvais m’échapper, me faire la belle… au sens propre comme au sens figuré et là, parce que j’atteins le plus haut sommet de l’État, il faudrait que je me prive de ma liberté ! Pas question !

    Contrairement à ce que disent les médias, je ne suis pas assez dissimulé. J’avais dit publiquement que le casque me permettait de me déplacer incognito, je n’aurais pas dû. Certes le casque n’a pas protégé mes fredaines mais j’aurais dû le savoir. À moins que… à moins qu’inconsciemment, j’aie fait ce qu’il fallait pour que V. soit mise devant le fait accompli et qu’elle se taille, je ne la supportais plus. Être obligé de lui faire l’amour et de lui dire : « je t’aime » alors que je sortais des bras de J., c’était trop. « Une petite fille en pleurs, dans une ville en pluie, et moi qui cours après… ». D’abord elle n’était pas en pleurs, elle a piqué une colère dingue et a tout cassé dans mon bureau et, en plus, je courais pour m’éloigner d’elle ! Rien compris, Nougaro !

    Bon, ça, c’est pour ma vie privée. Pour ma vie publique, un petit bilan. Là il est simple : je voulais être président de la République française, je suis président, et pour deux ans et demi encore ! M. mon maître a écrit « Le coup d’État permanent » mais lui comme moi, qu’est-ce qu’on apprécie la constitution de la cinquième République ! Une fois élu, tu es indéboulonnable. Au pire, tu es contraint à une cohabitation mais c’est de la gnognotte ! Il n’y a qu’un président, c’est moi ! De toutes façons, la France étant ce qu’elle est, c’est-à-dire ingouvernable, il est stupide d’essayer de la gouverner. Je ne suis pas mécontent d’avoir donné un coup de pied dans la fourmilière avec nos lois sociétales : le mariage pour tous, c’est un bras d’honneur à mon père ! L’IVG pour tous, une quenelle à ma mère ! L’euthanasie légale, une bouffonnerie ! En fait, je crois que je suis un bouffon, fondamentalement. Ah, oui, la T., c’est un sacré morceau, elle les bat tous à plate couture ! L’idée de sortir les coupables des prisons, c’est quand même incroyable ! J’ai horreur des prisons, sans doute parce que j’ai eu l’impression d’être en prison toute ma jeunesse… et même avec V. Et je n’ai jamais vu quelqu’un mentir avec un tel aplomb. Dommage qu’elle ne soit pas mon genre… « Mon genre »… je me gausse !

    « Et maintenant, que vais-je faire ? », mon cher Bécaud. J’aime le travail et, avec tous les dossiers que je prends directement en main, le travail ne manque pas. Quand même, je ne pensais pas que je me comporterais à ce point comme S. J’ai l’excuse d’une situation du pays catastrophique et d’une équipe gouvernementale minable. « Moi, président… » Eh oui, moi président, je pourrais même dire monarque, j’ai tous les pouvoirs avec ma majorité parlementaire et sénatoriale, mes copains dans la justice et la police. L’État de la France ne s’améliore pas ? Qu’y puis-je ? Avec nos syndicalistes, nos trotskystes, nos élus, personne ne peut faire bouger les choses, même pas M., j’en suis persuadé. Alors on va s’enfoncer de plus en plus. Ça va chauffer ! On a sauvé l’essentiel des municipales, on a pris une veste aux européennes, le peuple est dans la rue, ça chauffe déjà ! J’ai envie de lui dire qu’il n’avait qu’à pas voter pour moi mais il manque cruellement d’humour…

    Le seul problème, c’est que j’aimerais bien être réélu pour cinq ans encore. Sinon, je me demande ce que je pourrais faire d’intéressant… peut-être des conférences ? Je ne suis pas un bon orateur… Monter sur scène ? Hé, hé, pourquoi pas. Avec J. on pourrait écrire une pièce et je pourrais donner libre cours à mon humour.

    Mais le plus important, mon cher François Gérard Georges Nicolas, c’est vraiment que je sois content de moi. Je sais que c’est terriblement narcissique mais… je m’aime ! Et, vraiment, je peux dire que je suis l’homme de ma vie !