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Le blog de Jean TAILLARDAT - Page 14

  • Dieu existe, je l'ai créé

    Dieu existe, je l’ai créé

    Et Il a tout ce que je n’ai pas…

    D’abord, Il est omnipotent, et pas moi. Vous direz que ça ne se voit pas. Il surveille chacun des cheveux de mon crâne… et j’ai perdu mes cheveux.

    C’est un libertaire absolu, et pas moi. Il nous laisse faire ce qu’on veut quand on veut, et les pires crasses qui soient : assassinat, viol, génocide, vol…

    Il est omniscient, et pas moi. J’ai du mal à comprendre et Il a la chance de tout comprendre, et pour cause, Il a pensé à tout pendant six jours. Là où je Le plains, c’est que plus je comprends plus je désespère. Heureusement qu’Il lui reste le septième jour pour oublier tous les autres !

    Il est éternel, et pas moi. J’ai l’impression, sans doute fallacieuse, de grandir en sagesse. Sur soixante ans de vie, c’est court, certes, mais grandir éternellement en sagesse, ça doit être un peu long et fastidieux. Bon, je pense qu’Il a atteint un état de non-attachement, y compris vis-à-vis de sa créature préférée, moi.

    Il a une cour immense autour de lui, des anges, des archanges, et pas moi. Plus près encore, l’un d’entre nous qui a beaucoup souffert avant d’être admis à ses côtés, son fils adoptif, parce qu’Il a aussi le Saint-Esprit, qui est le vrai géniteur (le père nourricier était très conciliant). Ça manquait un peu de femmes, Il a fait venir la mère de son fils adoptif (vous suivez toujours ?). Le problème avec les cours, c’est que les courtisans vous cachent la réalité. J’imagine que Dieu ne sait plus très bien ce qui se passe sur Terre, et il vaut mieux.

    Il a enfin une Eglise à lui, et pas moi. Et même un Etat, l’Etat Pontifical, une petite enclave certes, mais très riche. Une banque un peu secrète, avec de gros moyens, des tas de gens qui donnent le denier du culte ou qui lèguent leurs biens. Il vaut mieux donner à l’Eglise ; elle utilise l’argent bien mieux que les pauvres, qui le consommeraient. Des tas de prélats, un Pape, etc.

    Il a d’autres Eglises, et moi pas, ce qui lui permet de diviser pour mieux régner : une Reine papesse in England, un Patriarche orthodoxe, des tas d’Imams et de Muftis, de Grands Rabbins. Beaucoup plus impressionnant que le Panthéon homérique !

    Il est très écouté, et moi pas. Une multitude veut entendre sa Parole, et certains y arrivent – Abraham, Moïse, Jésus, Mahomet et bien d’autres, alors que je prêche dans le désert.

    Somme toute, je ne L’envie pas ; bien que je L’aie créé, toutes Ses qualités L’encombrent, et ça manque singulièrement de femmes là-haut, mais peut-être… !

    Jean Taillardat, 4 juin 2010

  • Nations, je vous hais !

    Être libre, c'est à la fois être capable d'exprimer, avec force au besoin, ses états d'âme et ses opinions et, simultanément, les savoir et les accepter comme partiales, partielles, donc critiquables.

    « Le judaïsme est violence, le sionisme est violence, l’arabisme est violence, l’islam est violence, le drapeau est violence, l’hymne national est violence… Là où les gens ne voient que frontières et Etats, je ne vois que géologie, montagnes, plaines et vallées.[1]» Avinadav Begin, 36 ans, petit-fils de feu Menahem Begin, auteur de « La Fin du conflit", bilingue hébreu-arabe.

    Nations, c’est en votre nom que les pays d’Europe se sont foutus sur la gueule depuis Charlemagne, massacrant à chaque conflit les forces vives de notre continent. C’est en votre nom que notre fabuleux continent européen est en passe de perdre sa civilisation.

    Mais à qui profite le crime ? Nécessairement à ceux qui gouvernent, sinon ils auraient pris et prendraient d’autres décisions. Les rois d’abord, puisque ils l’étaient de droit divin, sous la houlette d’une papauté prompte à savoir son intérêt propre et à mettre le spirituel au service du politique, jusqu’à constituer un Etat ! Puis leurs successeurs, les élus du peuple et les membres des gouvernements, alliés aux maîtres de forge d’abord, puis aux grands capitalistes ensuite.

    Une nation, c’est la certitude pour les ambitieux et les carriéristes de trouver un terrain de jeu extrêmement profitable. Pensez donc, rien qu’en France, les sénateurs, les parlementaires, les conseillers régionaux, les conseillers généraux. Plus bas, rien à redire, les communautés de communes et les mairies, en dehors du fait qu’elles assurent un gouvernement de proximité, sont peu rémunératrices et n’intéressent – à part dans les grandes métropoles -, que les quasi bénévoles.

    Imaginez qu’on dise à nos chers élus : « l’Union européenne est dorénavant fédéraliste, elle est constituée non plus de pays mais des Régions d’Europe, 12 pour l’Allemagne, 2 pour le Portugal, 5 pour l’Espagne, 7 pour la France, 2 pour la Belgique, 1 pour la Slovaquie, 1 pour la République Tchèque, 2 pour les Pays-Bas, etc. L’Union européenne comprend une soixantaine de régions, à comparer aux 50 Etats étasuniens. Les décisions opérationnelles et économiques sont prises par le Régions. Les fonctions régaliennes le sont par le gouvernement européen sous le contrôle effectif du parlement européen ; les fonctionnements sont harmonisés, la fiscalité, les régimes de retraite ; la politique étrangère est européenne, la défense est européenne… Mais c’est un crime de lèse-ministres ! Que va devenir Madame Bachelot ? Et Monsieur Sarkozy, qui n’a plus aucune chance d’être élu Président de l’Europe, maintenant qu’on l’a vu à l’œuvre ?

    Voyons, en France (dans le pays France, avec ses terroirs et ses territoires), plus de gouvernement central, sept Régions autonomes et interdépendantes avec l’UE, et des communautés de communes rebaptisées en Territoires. Finies les 22 régions administratives, les 95 départements, finies les guerres picrocholines.

    Oui, mais qui va assurer la sécurité des français, qui va leur garantir du travail, qui va assurer la justice, qui va faire appliquer le droit républicain : liberté, égalité, fraternité ? Ah bon, parce que l’Etat garantit le travail ? Quelqu’un croit-il vraiment que la convocation de Carlos Ghosn à l’Elysées va empêcher Renault de construire nos Clios en Turquie ? (ce qui est déjà le cas depuis quelques années, soit dit en passant, mais les medias viennent de soulever le lièvre et notre Président ne peut pas ne pas faire comme s’il était impuissant, justement parce qu’il est impuissant !) Quelqu’un parmi le peuple croit-il encore que règnent la justice équitable et l’égalité devant la Loi ? Non, devant la Loi il vaut mieux être riche et puissant que noir (ou beur) et du 9-3. La Fraternité ? A part Bouygues, Arnaud, Pinault, Lagardère, Bolloré et quelques autres fortunés, qui a encore le sens de la fraternité parmi les puissants ? Et la liberté… qui se soucie de la liberté ? C’est tellement dangereux la liberté, il y a même des gens - des terroristes -, qui vont en profiter pour dénoncer les malversations, les injustices criantes, les magouilles, les vols institutionnalisés ! Contre la liberté, un Etat policier, qui permet à chacun de profiter de ses rapines en sûreté.

    Dix fois moins d’élus, dix fois moins de fonctionnaires, deux fois moins d’impôts, de l’énergie libérée pour la créativité, l’innovation, l’entreprenariat, la recherche, l’éducation, l’art de vivre.

    Le commerce est mondial, la technologie est mondiale, l’industrie est mondiale. Les fonctions régaliennes d’un Territoire et d’une Région, ce sont l’éducation, la police, la justice et les infrastructures. Un point, c’est tout. La fonction régalienne de l’UE, c’est la Défense Européenne des régions membres, l’harmonie fiscale et sociale, le contrôle des comptes des régions et la participation à un gouvernement mondial qui se met progressivement en place. Un point, c’est tout.

    Au lieu de quoi, l’Europe des Nations qui s’est imposée après le traité de Maastricht, en 1992, et a été imposée par le couple Chirac-Schröder - infâmes profiteurs -, et l’incapacité depuis lors à régler quelque question que ce soit ! Mais nos ministres sont bien payés et ils ont les honneurs ; nos députés se la coulent douce au parlement qui leur rappelle à l’évidence la cour de leur récré où ils retombent en enfance ; nos sénateurs… chut, ne les réveillons pas… Et tout ce petit monde est surveillé, épié par une nuée de journaleux qui les valorisent, les mettent en avant ou les vouent aux gémonies au gré des flux médiatiques et des intérêts de la publicité, il faut bien gagner sa croûte.

    Et les européens là-dedans ? Les jeunes n’ont plus de frontières ; la Chine, L’Amérique de Sud ou du Nord sont leurs champs d’activité et de vie. Ils en auront de nouvelles, hélas, des frontières, s’ils suivent la voie de l’Âââdministration ou de la Pôôôlitique. Les actifs paient et paient encore, vaches à lait, serfs modernes, pour alimenter des improductifs qui n’ont même plus la sprezzatura des nobles de l’Ancien Régime. Transformés pour la grande majorité en irresponsables, les gens du peuple cherchent des coupables, à gauche, à droite, sans jamais plus accepter de prendre leurs responsabilités. Au pire, ils se rassemblent sur des mots d’ordre savamment instillés par une propagande redoutable pour « reprendre l’Alsace et la Lorraine », une « Deutschland über alles », « une identité nationale », « tous unis contre la grippe H1N1 » …

    Pauvre vieille Europe, les Nations t’ont tuée, et ses dirigeants en ont empli la taille rebondie de leur panse.

    Et du fond de mes entrailles monte un cri qui arrive à mes lèvres : « aux armes, citoyens ! »



    [1] Courrier International n° 1017 du 29 avril au 5 mai 2010, p. 8

  • Dictatures et éducation

    La démocratie, pouvoir par le peuple, ne peut être une bonne chose que si le peuple est en mesure de peser les avantages et les inconvénients à choisir telle ou telle option. Sinon, il vaut mieux une élite ou une monarchie éclairée.

    Pour évaluer une situation et les conséquences de telle ou telle décision, il faut une capacité à saisir et à traiter l’information - je vais même plus loin, à distinguer le vrai du faux dans les informations diffusées par les sources d’information puisqu’il est impossible de se rendre sur place pour juger par soi-même, ou de tout intégrer et étayer sur des faits concrets.

    La démocratie impose un peuple éclairé, donc éduqué.

    Quelle éducation fournir pour permettre au jugement de s’exercer ?

    Sans aucun doute la formation de l’esprit à travers l’usage de la langue, support de la pensée ; c’est l’affaire de la formation littéraire. Apprendre à argumenter, à exercer son esprit critique sur les arguments des autres, et ceci se fait par les humanités.

    En second lieu, la formation historique, puisque « faute de connaître l’histoire, nous sommes condamnés à la répéter inlassablement ». Ce devrait être l’essence de la formation à l’histoire que d’étudier Toynbee, Braudel, les auteurs qui ont essayé de dégager les grands traits des processus historiques, les facteurs déterminants des continuités et des ruptures de l’Histoire.

    Avec l’histoire, la géographie et ses relations avec l’histoire et les cultures, comme le fait si malhonnêtement l’auteur de « le choc des civilisations », Samuel Huttington.

    Enfin, l’étude critique du développement des sciences et des techniques, avec son corollaire, l’économie, à tout le moins la macro-économie.

    Simultanément, l’école renforcerait la capacité à apprendre à apprendre à travers l’apprentissage de méthodes de développement cognitif ou de gestion mentale.

    Arrivés à l’âge du vote, les citoyens seraient alors capables d’évaluer les programmes des candidats au suffrage universel, de juger de leur honnêteté, de jauger les informations transmises par les médias.

    Au lieu de quoi, l’école est progressivement transformée en une fabrique de techniciens incultes, chair à canon de l’activité économique qui cherche à en faire des consommateurs/producteurs. Comment cela ? Il suffit d’étudier l’évolution des programmes scolaires depuis une cinquantaine d’années.

    Auparavant, le certification d’études « garantissait » qu’une classe d’âge savait lire, écrire et compter, base élémentaire de toute évolution future dans l’accession à la connaissance. Exit le certification d’études, et avec sa disparition, plus d’évaluation, pire : le constat que la moitié des élèves qui entrent en sixième ne comprennent pas ce qu’ils lisent.

    Sous la pression des sciences dures – le scientisme ayant fait croire que la science positive résoudrait tous les problèmes -, les mathématiques, puis la physique, puis l’économie ont progressivement rogné les autres disciplines, celles des humanités.

    Le gouvernement actuel nous prépare quelques nouveautés : deux heures de littérature au lieu de quatre en terminale L (on sait bien que les littéraires ne trouvent pas de travail et forment donc une cohorte de gauchistes) ; suppression des classes de Grec et de Latin en terminale S et Eco (le gavage est le meilleur moyen d’insuffler de l’intelligence) ; suppression de l’étude de l’histoire et de la géographie en première (car les élèves n’ont pas besoin de perdre un temps précieux de préparation au monde du travail).

    Bref, l’école de l’Education Nationale, loin de ses principes généreux et utiles à la vie en société, a de plus en plus la mission de formater les agents de production dont nos entreprises ont besoin dans la guerre économique que se livrent les grandes puissances identifiées par Huttington : l’Amérique du Nord, l’Amérique du Sud, l’Europe, la Russie, la Chine, l’Inde, le Japon et les pays pétroliers du Moyen-Orient (l’Afrique a disparu ; au mieux elles sera l’objet des conquêtes de territoires pour les puissances précédentes, une fois débarrassées – cela éviterait des actions désagréables à leur encontre -, de leurs populations sidaïques).

    Des agents de production privés de leurs facultés de jugement, donc facilement manipulables par la publicité des entreprises et la propagande des gouvernements, à travers des médias maintenant propriété des grands capitalistes, eux-mêmes liés au pouvoirs politiques.

    Ainsi, les gens de pouvoir, qui constituent de plus en plus une caste accaparant tous les leviers d’action et qui se reproduisent grâce à la culture que eux peuvent transmettre à leurs descendants et grâce aux réseaux de relations qu’ils créent, peuvent établir une dictature de fait, la dictature des puissants, tout en donnant l’illusion de la démocratie.

    Oh, le peuple, malgré les efforts répétés de leurs formateurs, garde un fond inconscient de bon sens et sent bien qu’il y a anguille sous roche. Au moment de voter, après avoir été dupés par la gauche comme par la droite ou le centre, ils manifestent leur mauvaise humeur en votant pour des contre-pouvoirs extrémistes ou s’abstiennent de plus en plus de se rendre aux urnes – pourquoi faire ? Les promesses n’engagent que ceux qui y croient, comme disait Pasqua.

    Après un bref compte-rendu du taux d’abstention et les larmes de crocodile versés par tous les leaders et leurs affidés journalistes, on clame et proclame les résultats : 52 % contre 48 % ! 53 % contre 47 % ! Les abstentions et les votes blancs (qui ne sont pas comptabilisés !) passent à la trappe.

    C’est donc cela la démocratie : des promesses faites de façon cynique par une caste de puissants, relayées par des médias aux ordres et/ou à l’audimat à des gens entretenus dans leur ignorance, incapables de former un jugement et abrutis par la propagande ?

    Non, ce n’est pas une démocratie, c’est une dictature, le pouvoir confisqué par quelques-uns au détriment du plus grand nombre. Ce qui se traduit par des injustices croissantes, des grondements, quelques essais de révolte, des actes de colère qui nécessitent une police d’état de plus en plus présente, un contrôle serré du corps social, une surveillance de tous les instants.

    Orson Welles et Aldous Huxley l’avaient prophétisé.

     

    Jean TAILLARDAT, El Liberator, 15 avril 2010