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Le blog de Jean TAILLARDAT - Page 5

  • Rébublique, nation et peuple

    Nation, République et peuple.

    Nation et République sont toutes deux des émanations du peuple, par principe de subsidiarité. Le fédéralisme en est la base. Loin de vouloir imposer « son bien » au peuple au nom d’un intérêt collectif, les vrais tenants de la démocratie confient au peuple le soin de définir les modalités du lien social et des formes de constitution qui conviennent à l’exercice du bien commun, opposé à l’intérêt collectif défini par un État centralisateur qui défend en réalité les intérêts de son oligarchie. C’est donc, par subsidiarité, que le bien commun émerge des individus vers la collectivité. Sa base est nécessairement l’anarchie, qui est l’ordre sans les pouvoirs. Que je m’explique.

    J’ai des besoins, des désirs et des envies, qui sont donc souvent contradictoires en moi et qui m’obligent à des calculs raisonnables en fonction de mes possibilités. J’accepte ces contradictions qui font partie intégrante de ma condition humaine et qui sont aussi ma gloire d’être pensant appréciant l’équilibre des contraires, yin et yang intimement mêlés. Je sais que je vis avec d’autres individus, que je prends comme des personnes dotées des mêmes caractéristiques que moi et avec lesquelles je tisse des liens, comme je perpétue des liens avec mon propre passé et le passé qui nous est commun. Raisonnablement, je choisis d’étudier les contradictions de notre groupe – famille, proches, voisins – et de trouver de façon pragmatique un juste équilibre fait de concessions mutuelles et d’arrangements satisfaisants. Ces arrangements définissent mes droits et mes devoirs. Ainsi peut vivre dans une harmonie évolutive ma famille, mon groupe de proximité au sein du premier niveau de communauté : la commune est ce premier niveau institutionnel de bien commun. En son sein se développent des relations économiques à valeur d’échange. Ma commune elle-même n’est pas indépendante des autres communes, elle gagne à créer de l’interdépendance : c’est le principe de fédéralisme, par application intelligente de la subsidiarité. Ainsi jusqu’à la nation, définie comme étant une communauté historique ; au niveau de la nation sont déléguées ce qu’on appelle les fonctions régaliennes, exclusivement le droit, la justice et la défense.

    Au lieu de quoi, la révolution française de 1789, libertaire, s’est rapidement transformée en centralisme jacobin, recréant une hiérarchie encore plus prégnante que le régime de la royauté, dont on voit l’application quotidienne destructrice de liberté individuelle. Pour arriver à survivre contre les intérêts des individus, ce centralisme a trouvé l’astuce de transformer l’individu libre de ses choix en masse d’assistés infantilisés qui attendent tout de l’État.

    Trois mouvements se conjuguent pour remettre le peuple au centre de la vie sociale : la technique, le goût pour le lien entre personnes et l’urbanisation croissante. La technique offre la transversalité, le goût pour le lien social passe par l’économie sociale et solidaire, l’urbanisation fait des métropoles des lieux d’échanges qui ne passent plus par les États. Les dirigeants politiques, pieds et poings liés par les médias eux-mêmes aux ordres des puissances financières, comprennent leur perte de pouvoir et s’accrochent à leurs postes rémunérateurs ; ils luttent de toutes leurs forces contre le retour du peuple en tentant d’imposer  leur langage ; ainsi faut-il comprendre le recours aux mots-valises de « République », de « bien général », de « populisme » comme repoussoir, etc. En face de tous les impérialismes issus du xxe siècle – étatiques, financiers, religieux, médiatiques – se développent des initiatives privées : les sites de « réinformation », le mutualisme, les coopératives, les groupements de producteurs, les marchés locaux sans intermédiaires, voire les réseaux d’individus ayant des affinités, les sites de rencontre d’usagers de toutes sortes, de sentiments, de sensations, d’échanges…

    Il appartient à toutes les personnes voulant reprendre leur destin en main d’opter pour la redéfinition de leurs besoins, le choix de leurs systèmes de relations, l’échange et le partage au plus près de leur environnement et, comme elles sont assujetties à un système politique privatif de liberté, de peser dans les urnes pour modifier les relations de pouvoir et inverser la pyramide institutionnelle pour donner le pouvoir à la base, au peuple. Cela nécessite un travail sur soi, grande affaire du xxie siècle sans quoi les sociétés humaines iront vers un chaos grandissant et, inexorablement, vers des catastrophes humanitaires et environnementales. Je prône donc un retour aux sources de la gauche libertaire chère à Proudhon, à Fourrier, Sorel, Péguy lui-même et, de nos jours, Michel Onfray, Alain de Benoît, Thibault Isabelle. Il s’agit de FAIRE SÉCESSION !

    Jean Taillardat, 5 août 2016

  • L'imposture

    Bernanos, encore un auteur oublié, comme tant d’autres, Georges Bernanos comme on dirait « Bond, James Bond »…

    J’ai lu, L’imposture d’abord, puis Un crime.

    Je ne connais pas l’histoire de Bernanos et ne veux pas la connaître, je me ferais des idées fausses en croyant y trouver une vérité rassurante. L’imposture est à la base de ces deux ouvrages, d’une façon mesquine, bourgeoise dans le premier roman, d’une façon mûrie dans le second. Une phrase relevée dans Un crime donne peut-être la clef : « L’être vulgaire ne se connaît qu’à travers le jugement d’autrui, c’est autrui qui lui donne son nom, ce nom sous lequel il vit et meurt, comme un navire sous un pavillon étranger ».

    Étrange Un crime ; une sorte de « polar rural », le meurtre d’une vieille châtelaine en son château, avec inspecteur, petit juge et procureur, et au milieu un prêtre, le nouveau curé de Mégère, le personnage central, sans que l’on sache jusqu’à la fin qui il est ; le doute plane encore quand on a tourné la dernière page.

    L’imposture est un roman sombre, glauque, crépusculaire dans lequel tous les personnages, ecclésiastiques, journalistes et romanciers établis, sont des imposteurs dans la mesure où, à force de se frayer un chemin dans la société, ils ont perdu toute innocence et toute conviction. Seul émerge un pauvre abbé qui lui-même rêve d’une cure… qu’il obtiendrait par son mérite.

    L’imposture, mais qui n’est pas imposteur qui obéit à la contrainte sociale pour « faire son trou » ? Armand dans Le voyage de M. Perrichon, celui décrit par Cocteau et qui ne fait que répondre à l’image que son environnement attend de lui ? Les DG des grosses boîtes qui exécutent les basses besognes pour le compte des actionnaires en échange de rétributions délirantes ? Les dirigeants syndicalistes qui font leur carrière sur le dos des « travailleurs » ? Les managers qui se soumettent aux dictats du contrôle de gestion au détriment de leurs collaborateurs ? Vous, moi ? Nous tous qui aspirons à la reconnaissance d’autrui ? Où commence la cupidité ?…

  • L'ordre naît du chaos

    L’ordre naît du chaos

     

    La vérité, c’est qu’en dépit du préjugé commun, la démocratie politique n’a rien à voir avec la Liberté. Tout au long de l’histoire, depuis les Athéniens du ve siècle jusqu’aux États-Unis d’Amérique, en passant par la Genève de Calvin et l’Angleterre de Cromwell, les républiques n’ont jamais bien fonctionné qu’en milieu puritain, c’est-à-dire là où la bigoterie, le rigorisme, la sévérité des mœurs, la contrainte du collectif et la peur du qu’en dira-t-on remplaçaient avantageusement les mesures de répression traditionnelles. Quand le puritanisme disparaît, la démocratie se dégrade aussitôt. Le peuple redevient jouisseur, tricheur, râleur, avide, irresponsable, ingouvernable. L’esprit de revendication et de resquille se généralise, rendant inévitable le retour à la « manière forte ».

    Pierre Gripari

     

    Le capitalisme a besoin de consommateurs qui se croient libres ; il crée le concept de libéralisme et celui de libertarisme. Il affiche un impératif catégorique : « Fais et achète tout ce que tu désires qui ne gêne pas les gens qui t’entourent dans les seuls jours à venir ». En cachant bien sûr le résultat, qui est : « et après moi, le déluge ! »

     

    Comte-Sponville définit avec une clarté éblouissante les quatre ordres de la vie humaine et en société : la technique, la politique, la morale et l’éthique. Il affiche une vérité absolue, qui est que la technique – qui n’a par définition pas de morale – fera tout ce qui est réalisable. Au mieux, elle est « bornée » par le politique, qui s’intéresse à la vie harmonieuse dans la cité. Mais le politique est humain, et régi lui-même, à l’instar de chaque citoyen, par ses besoins, ses pulsions ; à ce titre, il est prêt à mentir, à tromper, à abêtir, à subvertir pour satisfaire ses appétits. Donc, au mieux, il est borné par la morale, qui maintient l’unité du corps social. Cette morale est essentiellement circonstancielle, liée à la culture, aux traditions ; mais quand le capitalisme a transformé l’être humain en individu égocentrique, profiteur, jouisseur, tricheur, resquilleur, il n’y a plus de morale sociale, il n’y a plus de lien social et le chaos s’installe. Comment peut-on alors avoir même l’idée d’une éthique personnelle ! Ce ne sont certes pas nos politiques ou nos financiers qui vont nous montrer la voie de l’honnêteté et de la conscience propre. Où sont les exemples ?

    Vous savez où sont les exemples ? Dans le salafisme ! Là les hommes sont prêts à combattre pour redonner à Allah ce qui lui revient, à adopter un style de vie frugal, à donner leur vie. Comme on peut comprendre la séduction qu’exerce le Coran quand les Églises chrétiennes ont été corrompues par l’argent et le pouvoir !

    Et certains s’étonnent de la résurgence d’un besoin d’ordre !

    D’autres ne s’en étonnent pas mais s’en inquiètent : l’oligarchie profiteuse qui maintient le peuple dans un état d’abrutissement de petit confort et de distractions et sent bien que cette résurgence l’exclurait de ses privilèges. Il convient donc de salir, de diaboliser toute entreprise de régénération du peuple, d’en présenter une image non d’ordre mais de dictature, de la qualifier de fascisme, de la disqualifier en un mot. Pour ce faire, toutes les techniques de manipulation sont bonnes : l’appauvrissement du langage dès l’école, la création d’une novlangue propagée par des médias aux ordres, le matraquage de mots valises qui n’ont aucun sens en dehors de leur répétition hypnotisante, un discours d’émotions et d’idées généreuses qui cachent la réalité d’une soumission au pouvoir de l’argent.

    La technique fera tout ce qui est réalisable. Si les États-Unis d’Amérique perdent de leur puissance matérielle, financière et militaire, sa domination est incontestable, et croissante, dans le domaine des technologies de l’information et de la robotique. La Silicon Valley est le lieu de la puissance numérique, à la fois par la valorisation financière de ses fleurons (GAFA : Google, Apple, Facebook, Amazon) et par le dynamisme de ses équipes de R&D. Google nous promet la voiture autopilotée, le transhumanisme, les maladies éradiquées, la vie allongée à l’infini, l’homme-Dieu enfin indépendant des lois de la Nature. Google se contrefout de savoir à qui profitent ces moyens nouveaux, de l’inégalité croissante entre les puissants qui bénéficieront de techniques hors de prix et le reste de l’humanité ; elle prépare le Homo omnipotens.

    Mais là n’est pas la question traitée ici. Nous parlons de politique et de qui décide pour le peuple, sa santé, sa sécurité, son bien-être, son développement.

    Eh bien, nous savons que ce ne sont pas les politiques, qui sont aux ordres des puissants, des lobbies, des financeurs de campagne. Le seul avantage des étasuniens, c’est que, n’ayant aucun complexe à jouer avec l’argent, ils ne se cachent pas : les campagnes se jouent à coups de dizaines de millions de $ et tous les représentants du peuple touchent… disons des indemnités. Au moins il y a de la constance dans les décisions de leur gouvernement : défendre les intérêts de leur pays et de leurs puissants !

    En France, nous avons trois sources de pouvoirs : l’énarchie, la franc-maçonnerie, la finance internationale, et elles sont liées. Le tout est de faire croire au bon peuple qu’on tient les rênes ; alors on vote le mariage pour tous, on diffuse la théorie du genre, on supprime la notation dans l’école, on suggère de légaliser la consommation de cannabis, etc., toutes mesures extrêmement utiles pour le bien-être du bon peuple. Évidemment, la bureaucratie étant à la base d’un pouvoir socialiste, tout est fait pour ne pas toucher aux intérêts des fonctionnaires et pour ne pas diminuer leur nombre, ce sont les pourvoyeurs de votes utiles (on ne va quand même pas imposer à l’État les règles qu’il édicte pour les entreprises : il est le premier employeur de CDD de longue durée renouvelables ad libidum et non taxés). Pour le reste, la distribution de petits cadeaux entre amis calme la fureur de marxistes et autres trotskistes qui préparent leur carrière dans les organisations d’étudiants et le syndicalisme, à la MGEN, et montent en grade au sein du GOF. Mais pour distribuer, il faut collecter, et il est démocratique de piller les classes moyennes (les riches font de l’optimisation fiscale) puisqu’elles sont moins nombreuses et que le gouvernement a raison puisqu’il est majoritaire à l’Assemblée nationale.

    Mais les affaires de la France ne s’arrangent pas ; la réalité résiste aux incantations. Alors on tente de faire passer des lois : une nouvelle constitution par ci, une loi travail par là. La machine trotskiste veille, les frondeurs râlent, les jeunes, ignorants et manipulés, restent debout la nuit (et travaillent le jour). Le gouvernement avance de deux pas, recule d’un, deux ou trois pas, sans se rendre compte, comme l’écrit Hannah Arendt, que : « Politiquement, la faiblesse de l’argument du moindre mal a toujours été que ceux qui choisissent le moindre mal oublient très vite qu’ils ont choisi le mal ». Et on décrète que : « Ça va mieux, la France se redresse, les Français ne le voient pas mais le pays est sur la bonne voie ».

    Pendant ce temps, les masses laborieuses souffrent, les petites gens peinent à assurer leur quotidien, les citadins craignent pour leurs vies, ils voient proliférer des cohortes de barbus et d’oiseaux noirs de la tête aux pieds, le monde agricole s’appauvrit… le peuple, quoi, celui dont l’utilité est de produire et de consommer pour alimenter l’oligarchie et dont le rôle est d’accepter son état de servage, comme hier, comme avant-hier, et de dire merci !

    Eh bien le peuple n’est pas complètement stupide ; il constate que les frontières sont poreuses, que les terroristes sont aujourd’hui islamistes et d’origine étrangère pour la plupart, que les imams racontent des histoires à dormir debout, que les femmes musulmanes sont houspillées voire violentées si elles n’adoptent pas le niqab, que la pollution s’étend, que les espèces animales disparaissent des champs, des rivières et des mers, que l’école fabrique des chômeurs, que les industries du luxe se portent bien au bénéfice des riches étrangers et de quelques capitalistes habiles à l’optimisation fiscale, que les innombrables élus se votent des avantages inconsidérés, qu’il vaut mieux éviter de travailler pour bénéficier des cinq cents primes diverses et obtenir un pouvoir d’achat supérieur à celui qu’on aurait en s’abrutissant au SMIC, etc. 

    Et encore n’a-t-il rien compris, ce peuple, du changement radical de société apporté par les technologies de l’information et la robotique, qui excluent inexorablement du marché du travail les individus sans qualification[1]. Bref, il n’y comprend plus rien, sinon que le travail est malsain et les patrons d’infâmes exploiteurs ; de temps à autre il se rebiffe, que peut-il faire d’autre quand il n’a plus d’espoir pour lui et encore moins pour ses enfants ? Alors il demande de l’ordre et de l’autorité, et encore n’a-t-il pas vu et compris non plus l’état d’assujettissement dans lequel la société de consommation le maintient par la propagande, les médias, la publicité, les médias, la téléréalité et – last but not the least – les emprunts qu’il a eu l’innocence de contracter, qui le livrent pieds et poings liés à son banquier.

    Il demande de l’ordre et de l’autorité ; qui va les lui octroyer ? Les gens dits de gauche qui mettent la France en faillite (premier gouvernement Mitterrand), qui font des politiques de droite (deuxième gouvernement Mitterrand), qui font la danse de saint Guy (gouvernement Hollande) ? les gens de droite qui font des politiques de gauche (gouvernement Giscard d’Estaing), qui ne font rien (deux gouvernement Chirac), qui font du bling-bling (inutile de préciser !) ? des souverainistes (Chevènement hier, Le Pen aujourd’hui) ?

    Et pourquoi pas un militaire ? Nous avons eu un chef d’État intègre, c’était le dernier, de Gaulle ; où trouve-t-on des gens intègres sinon dans les armées ? Faudra-t-il aller chercher un général en retraite ? un patriote qui n’a pas été cocooné dans les pouponnières administratives ? un général Tauzin[2] ? Ou bien un jeune loup qui n’a rien à perdre, un premier de classe, qui aurait fait ses études à Saint-Louis-de-Gonzague et qui aurait été major à Normale Sup’, énarque et ministre, un Bruno Le Maire[3]  par exemple ? Ou un autre, ni de gauche ni de droite et qui aurait été moins brillant mais de bonne extraction, énarque, banquier (rapidement enrichi – quelle horreur ! –) et ministre, un Young Leader[4] de la French-American Fondation et un bureaucrate qui n’est jamais allé au feu, un Macron ?

    Nous voyons les différents pays d’Europe refuser le bazar de l’UE, pour ne pas dire le souk, où des fonctionnaires royalement payés et ne représentant que leurs partis et surtout pas le peuple sacrifient les intérêts des pays européens au bénéfice des grandes entreprises mondiales, importent des dizaines de millions d’immigrés de cultures et de traditions spécifiques au détriment des peuples de souche. Nous voyons ces pays s’insurger, dresser des frontières, réaffirmer la souveraineté et la culture nationales.

    L’ordre semble renaître du chaos, pour le meilleur ou pour le pire.

     

     

     

     

     

    [1] Le pilotage automatique des véhicules va mettre, dans les dix ans qui viennent, sept cent mille chauffeurs routiers au chômage aux USA, remplacer les filles de salle et les infirmières dans les hôpitaux…

    [2] Lire Rebâtir la France, un projet présidentiel, général Didier Tauzin, Mareuil, 2016.

    [3] Ne vous résignez pas ! Bruno Lemaire, Albin Michel, 2016.

    [4] Autant dire repéré et formé par les USA pour être leur tête de pont en France et en Europe, et donc soutenu et mis en avant par les médias, aux ordres des puissants.