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Le blog de Jean TAILLARDAT - Page 7

  • Lettres à mes frères et soeurs

     

    Lettre à mes frères et sœurs humains.

    Jean Taillardat, 151104

    J’ai soixante-dix ans, autant dire que j’aborde le dernier quart de ma vie – que j’estime d’ailleurs largement entamé mais l’espoir fait vivre.

    Je veux mettre cette période sous le signe de la sérénité et de ma liberté. Or la première liberté qu’il m’appartient de trouver, c’est l’indépendance vis-à-vis de ce qui vient de l’extérieur. Si je dépends du regard de l’autre, de son affection ou non, de son admiration ou non, je ne peux pas vivre libre ; je cherche les signes de reconnaissance qui me permettront de revenir à l’état antérieur, qui offre des satisfactions : qui n’aurait pas envie d’affection, d’admiration ?

    Derrière ce besoin des autres, il y a une crainte ultime : la peur ! La peur de n’être plus rien, la peur de disparaître, la peur de la décrépitude et de la décomposition.

    La rose a-t-elle peur de s’étioler ? Elle n’a pas de conscience réflexive et ne peut avoir peur. Le grand mâle qui subit sa première défaite et abandonne son statut a-t-il conscience qu’il ne représente plus rien dans le groupe ? Le gorille a-t-il conscience de ses poils blancs, de ses muscles qui se ramollissent et de sa force qui le trahit ? Qu’importe, la nature suit sa route, imperturbable, avec une totale indifférence à l’égard de ses particules.

    C’est ainsi, il vaut mieux accepter de bon cœur ce que personne ne peut éviter. Oh, il y a d’autres moyens ! Épouser une nième jeunesse, rouler Ferrari ou Porsche, organiser des fêtes monstrueuses, chercher encore et toujours l’âme sœur – dont je pourrai dépendre ; ce sont des choix. Je fais celui de la liberté : je ne suis pas la fête, je ne suis pas la Porsche, je ne suis pas la jeunesse d’une autre, je suis au-delà de tout cela, je suis une personne, pas une persona, ni un masque.

    De quoi ai-je eu peur ? Probablement d’abord du ridicule. André Moreau le dit bien, tant que l’on n’a pas franchi l’obstacle de la peur du ridicule, comment oser s’exprimer librement ? Bien, je me dis philosophe et écrivain, suscitant l’ire, voire le rejet de certains de mes proches ; je le suis, je ne vais pas m’en cacher ! Peur d’être rejeté ensuite. À quelles compromissions peut-on être réduits par peur d’être rejetés ! On donne, on se donne, on fait des cadeaux, on laisse le champ libre aux tentatives de manipulation d’êtres eux-mêmes « en manque » et on s’enferre. Peur de ne pas être à la hauteur enfin, et là, c’est tout le rapport à la culpabilité, qui n’a pour moi rien de judéo-chrétienne. « Être homme, c’est être responsable » et responsable de tout, ai-je cru. Ce n’est pas parce que j’ai pêché que je me sens coupable, mais parce que j’ai imaginé traîner depuis mon enfance quelque chose de sale en moi, qui ne peut venir de la notion de péché originel, non ! et que j’ai mis beaucoup de temps à accepter : la carte et le territoire, nous dit la sémantique générale. La carte n’est pas le territoire, je suis mes qualités et leurs contraires, je suis mes défauts et leurs contraires… mais je suis beaucoup plus que cela !

    J’ai soixante-dix ans, que vais-je faire de ma vie ? Essayer de ne plus dépendre que de moi, y compris dans la dépendance physique et, peut-être, si une maladie dégénérative m’atteint, dans la dépendance intellectuelle et la dépendance tout court. C’est une affaire de mental, exclusivement.

    Qu’ai-je à faire de ce qui faisait mes plaisirs d’avant ? La bouffe, le sexe, la vitesse, l’achat, la consommation, la beauté, les ornements, les froufrous, les fanfreluches, les quolifichets… Je Suis. La nature m’offre tout ce dont j’ai besoin : l’air qui, par l’inspiration et l’expiration conscientes, m’alimente et me nettoie dans un cycle de vie ; l’eau qui murmure dans les prés et irrigue mes cellules, le bon pain et le vin de la vigne (et tant pis pour les innombrables cancers qui me guettent !). Il me faut avoir chaud pour passer les jours d’hiver, avoir un toit pour rester au sec, des chaussures pour marcher sans blesser mes pieds.

    Pour le reste, il me suffit d’être au contact de la Nature ; elle est généreuse. Hélas, je ne suis pas sûr que mes descendants pourront en dire autant, au rythme où l’homme détruit ladite Nature, mais à chaque génération sa peine, je n’y peux rien et il ne sert à rien de m’en soucier, sauf à aimer mes proches, de façon concrète.

    En fait, je dispose de bien plus d’objets qu’il me serait nécessaire. J’ai envie d’écrire, de réaliser un vieux, très vieux rêve, et il me faut des instruments, une table, un ordi, un dictionnaire. Soit, mais en suis-je dépendant ? Je peux encore écrire, je le fais ; quand je ne pourrai plus, j’y renoncerai. Le mieux que je puisse faire est d’apprendre à renoncer à tout, en son temps. Il est tellement merveilleux d’être. Et il me semble qu’on ne peut être qu’en étant débarrassé de tout… serais-je devenu bouddhiste ?

    Encore une fois, le final du film « L’homme qui rapetissait » m’emplit de joie. Quand il n’a plus été qu’un puceron sur un brin d’herbe, il a levé les yeux vers le ciel et s’est extasié…

    Puisses-tu comprendre cela, Ô mon frère, Ô ma sœur, et commencer de ne plus avoir peur !

     

                                                                                                  Jean Taillardat

  • Poules noires et poules de souche

    151101 - Histoires de poules

    Combronde, Jean Taillardat

     

    Un jour, une jeune poule noire fut introduite dans un poulailler où régnait en maîtresse une poule blanche sur une poule rousse docile et suiveuse. La marâtre, bien que dotée d’un appétit féroce, avait décidé de ne pas gratifier les humains d’un seul œuf. Elle ne savait pas ou ne voulait pas savoir à quelles extrémités ce comportement odieux pourrait la conduire…

    La jeune poule noire venait d’une contrée où toutes ses congénères étaient aussi de jeunes poules noires parmi lesquelles régnait une douce harmonie.

    Le moins que l’on puisse dire est que l’accueil ne fut pas chaleureux.

    La jeune poule noire – appelons-là Sushi, puisque tel est le nom que lui attribua le fils des paysans – dut se sentir bien étrangère et se réfugia in petto au fond d’un fourré où elle ne fut pas dérangée mais quand elle sortit de son refuge pour participer au repas d’épluchures de légumes, des restes d’un plat de pâtes et de grains balancés par-dessus le grillage, elle vit se précipiter sur elle une furie tout bec dehors et regagna promptement sa tanière. Elle sauta le dîner.

    À la nuit tombée, alors que les deux pensionnaires avaient rejoint leur appartement au deuxième, Sushi tenta vainement de dégotter quelques rogatons puis se risqua à les suivre dans l’immeuble où elle trouva refuge sur une couche de paille assez sordide, au premier.

    Le lendemain matin, elle eut la prudence de décaniller avant les autres et de retrouver sa cache.

    Le même scénario se reproduisit le lendemain ; le repas suivant fut tout autant l’occasion d’une ségrégation. La poule rousse, pourtant plus amène, se mit à imiter son leader – on sait à quel point les courtisans sont prompts à copier les comportements du Leader Maximo – et à interdire à Sushi l’accès aux victuailles. Puis elle gagna son domicile pour expulser l’œuf qui obstruait son cloaque, assistée par sa patronne. Sushi en profita pour grappiller quelques graines.

    Les paysans se perdaient en conjectures, ne sachant à quoi attribuer ce comportement peu civil : xénophobie, racisme, défense du territoire, peur de manquer, méchanceté pure, réflexe atavique… ? Quoi qu’il en soit, la santé de Sushi leur importait et ils décidèrent de lui accorder – temporairement – sa liberté dans leur jardin ainsi qu’une gamelle pour elle toute seule, sur laquelle elle se jeta affamée.

    Ainsi fut fait plusieurs jours de suite.

    Sushi cependant ne s’éloignait pas du poulailler, comme si, à défaut de ses sœurs noires, elle recherchait la compagnie de ses bourreaux.

    Un soir le paysan oublia de lui faire réintégrer sa prison. Le lendemain matin, ne la trouvant pas, il se mit à sa recherche dans tout le jardin, espérant qu’elle n’aurait pas labouré le potager en quête du « moindre vermisseau », mais non, pas de Sushi. Par acquis de conscience et en dernier recours, il jeta un œil dans l’immeuble et ses deux étages. Ô stupeur, Sushi était là, au premier étage, allongée sur la paille ! Il fit le tour de la clôture et découvrit le pot aux roses : pendant la nuit Sushi avait creusé un tunnel, oui, un tunnel pour réintégrer sa prison ! et se trouver sous la menace de ses tortionnaires ! Le paysan et sa femme, à qui il rapporta les faits vrais, en restèrent bouche bée.

    Le paysan réitéra l’expérience ; toujours Sushi, au lieu de profiter de sa liberté, préférait la proximité de ses congénères et de leurs brimades.

    De nouveau les paysans se posèrent mille questions, l’hypothèse d’une Sushi au profil de femelle harcelée paraissant la plus probable.

    Du coup, la daronne refusant obstinément de pondre, il fut question de la passer à la casserole (en tout bien tout honneur !) mais avant cela de donner une compagne à Sushi, une jeune noire en provenance de la même contrée.

    Ainsi fut fait.

    Effectivement ces deux jeunes filles formèrent un couple qui vit caché dans les buissons le jour et pelotonné au premier étage la nuit. La marâtre ne baissa pas les bras, sa doublure rousse – vous ai-je dit qu’elle s’appelait Julie ? – non plus mais il leur était difficile de défendre plusieurs fronts à la fois ; quand elles coursaient l’une, l’autre arrivait par derrière et grappillait quelques graines et, à peine étaient-elles à la poursuite de l’intruse que l’autre poule noire arrivait subrepticement s’attabler au festin. Et ainsi de suite, les poules noires sont très intelligentes.

    La marâtre en perdit l’appétit et comme elle avait, dans son obstination à ne pas vouloir pondre, perdu la capacité d’offrir cet objet oblong pour lequel elle était nourrie, elle passa effectivement à la casserole.

    Il se produisit alors un renversement de situation. Même jeunes, les deux poules noires, comprenant sans doute qu’à elles deux elles avaient plus de forces que la rouquine, sortirent de leur maquis, occupèrent le terrain, lui firent des misères jusqu’à lui interdire la pitance quotidienne, juste retour de choses.

    Si elles ne s’étaient pas mises à pondre avec une grande régularité, le paysan aurait pris une autre décision mais entre un ou deux œufs par jour, son esprit calculateur étouffa tout état d’âme et son choix fut vite fait. Julie passa aussi à la casserole.

    C’est ainsi qu’un territoire occupé de longue date par des autochtones, autant dire des poules de souche, bascula dans le camp des poules allogènes, une sorte de remplacement…

    Les paysans se demandent s’ils ne vont pas tenter de réintroduire dans la bergerie une jeune poule blanche…

  • Texte piraté dans la table de nuit de EMX

    Dans la peau d’Edouard Malcom X

     

    J’ai 37 ans, je suis énarque et islamo-franc-maçon. Franc-Maçon au Grand-Orient de France parce que le meilleur moyen d’acquérir des degrés de liberté est de s’associer aux bonnes personnes qui se font la courte-échelle tout en privant le peuple des leurs ; islamiste – ou plus exactement salafiste – pour deux raisons : la première est qu’il convient de faire alliance avec ceux qui ont le plus d’argent – les monarchies du Golfe - ; la deuxième qu’il faut se faire élire pour gouverner et que, dans dix à vingt ans, les électeurs musulmans feront la différence. D’ailleurs j’en veux à Michel Houellebecq d’avoir révélé mon jeu et ceux de mes frères. Bien sûr il ne cite pas le Grand-Orient de France, ç’aurait été un casus belli.

    Dans une démocratie représentative, il faut se faire élire par le peuple. Mes maîtres, François Mitterrand, François Hollande et autres Laurent Fabius, m’ont appris que pour accéder au pouvoir, il faut faire croire au peuple qu’on œuvre pour lui. Mais en réalité je suis, comme mes frères, du côté de ceux qui paient, les banquiers et les hommes d’affaires.

    C’est d’ailleurs pour cela que j’ai commencé ma carrière dans la banque, et pas n’importe laquelle, une des plus influentes au monde. Ce sont mes dirigeants qui se sont mis d’accord avec François Hollande – qui a pour ennemi la finance internationale, je le rappelle en riant franchement – pour que j’entre au gouvernement ; qui en effet mieux que moi peut contribuer à libéraliser le pays pour asservir tous ces petits-entrepreneurs qui s’opposent à la mainmise du socialisme sur la société – de Big Brother, disent les plus intelligents ?

    Encore une personne que je n’aime pas, ce Georges Orwell ; heureusement que personne ne le lit plus. Il a été rayé des ouvrages enseignés à l’école.

    Notre machine est quand même redoutablement efficace : asservir le peuple en lui laissant les miettes de la richesse produite et en le distrayant tout en lui faisant craindre qu’il pourrait tout perdre en se tournant vers d’autres partis politiques, quelle habileté diabolique !

    On dit par ailleurs que notre système éducatif va à vau-l’eau alors qu’il répond parfaitement à notre projet : distinguer les rares élus qui rejoindront notre cercle fermé de la masse abêtie ! Car il n’y a rien de pire qu’un électeur intelligent. Il convient de rendre les honneurs à V. P. et à N. V.-B. pour ce qu’ils ont fait et font de l’École de la République.

    D’ici la prochaine élection présidentielle, il reste deux défis majeurs à relever. Avec un peu de chance et si l’effondrement de la Grèce – qu’on a récupérée en privant le peuple de sa liberté, bravo ! et qui va continuer à payer les intérêts de la dette que mes amis lui ont intelligemment accordée – n’a pas trop de répercussions sur l’économie européenne, la courbe du chômage devrait s’inverser au moins légèrement et la promesse du candidat Hollande d’inverser la course du chômage serait tenue... cinq ans après ! (j’en ris à l’avance). Quoi qu’il en soit, ce ne sera pas sur l’emploi que nous serons jugés ; le succès va se jouer sur les deux thèmes de la sécurité et de l’identité nationale. Le Français n’est pas encore suffisamment décérébré, d’une part, et d’autre part il faut des dizaines d’années pour lui faire perdre sa mémoire – il renâcle le bougre !  et là nous avons une épine dans le pied : Marine Le Pen ! merci à Jean-Marie de pourrir le FN. Elle a déjà rallié une grande partie du monde ouvrier et celui des retraités – c’est un comble !  et elle surfe sur les peurs du peuple. Je ne donne pas tort au peuple, il a raison d’avoir peur…des socialistes ! qui veulent son bien, évidemment ! Il ne les croit plus, c’est le premier défi à relever.

    Le deuxième défi concerne « l’envahissement » et là encore le peuple a raison : le remplacement – le Grand Remplacement, dit Renaud Camus – des Français de souche, indécrottables, revêches, rebelles, par une population d’immigrés facilement manipulables nous est favorable et là, je salue l’action de M.V. pour ramener à nous la population musulmane. Ce qui pourrait nous plomber, ce serait des attentats à répétition au nom d’Allah ; cela mettrait la communauté musulmane en porte-à-faux car il faudrait quand même bien mener des actions énergiques contre les salafistes. Maintenant que la machine Daesh est lancée, avec le concours de l’Arabie Saoudite, même elle ne peut plus l’arrêter : lutter contre le salafisme tout en conservant des liens d’amitié (et des relations commerciales juteuses) avec les monarchies du Golfe, voilà le deuxième défi.

    Nous avons encore un Go-ban (le porte-pierres du Jeu de Gô) à notre disposition : l’écologie ! Voilà t’y pas que même le Pape – un autre François – nous donne un fameux coup de pouce. Paris capitale mondiale de l’écologie, c’est un coup de maître. Après le mariage pour tous, quel remarquable moyen de détourner l’attention du peuple de ses basses considérations matérielles et d’occuper le paysage médiatique !

    Oui, décidément, on ne peut être que franc-maçon, socialiste et affilié à la Fondation Franco-Américaine (la FAF) ; j’ai fait le bon choix.

    Mais au-delà de ces considérations politiques, quelle jouissance de participer à ce jeu d’échecs mondial ! D’autant que, quelles que soient ses péripéties, j’ai l’assurance d’une vie confortable, à l’abri du besoin, mes intérêts étant protégés par mes frères, financiers ou non.

    Alors, que la fête continue !

     

     

     

                                                                                      E.M.X. le 30 juin 2015